Situé à une altitude spectaculaire de 1 657 mètres sur le sommet de Jezerski Vrh dans le Parc national de Lovćen, le mausolée de Njegoš est une attraction phare du Monténégro. Ce tombeau est le lieu de repos final d’une figure emblématique de l’histoire monténégrine, Petar II Petrović Njegoš (1813-1851). Plus qu’un simple politicien et homme d’Église, Njegoš était également un poète exceptionnel dont le chef-d’œuvre, « Le Couronnement des montagnes » (Gorski Vijenac), est célébré comme un fleuron de la littérature slave. Son aura charismatique et ses contributions littéraires et politiques ont laissé une empreinte indélébile sur le Monténégro.
Le parcours de Petar II Petrović Njegoš
Né Radivoy Tomov Petrović dans le village de Njeguši le 13 novembre 1813, il étudia d’abord au monastère de Cetinje puis au monastère de Savina. Neveu du métropolite Pierre Ier Petrović, qui appartenait à une dynastie ayant régné sur le Monténégro pendant plus de deux cents ans (de 1697 à 1918), il prit le nom de Pierre en devenant moine en 1830, conformément aux dernières volontés de son oncle.
Le Monténégro était alors une monarchie théocratique où les pouvoirs spirituel et séculier étaient détenus par une seule personne. Les clercs étant censés rester sans enfant, le pouvoir se transmettait souvent de l’oncle au neveu plutôt que du père au fils.
Durant son règne, de 1830 à 1851, Njegoš mit en œuvre une série de réformes visant à assurer l’indépendance et l’autonomie du Monténégro, allant jusqu’à tracer les frontières avec l’Empire austro-hongrois depuis Budva. Malheureusement, il succomba à la tuberculose en 1851.
Le mausolée : un symbole d’identité nationale
Dès 1845, Petar II Petrović Njegoš exprima le souhait d’être enterré dans la chapelle qu’il avait lui-même construite sur le mont Lovćen. Toutefois, après sa mort, craignant une attaque du Pacha de Shkoder, il fut initialement inhumé dans le monastère de Cetinje aux côtés de son oncle. Ce n’est que le 26 août 1855 que ses restes furent transportés au Lovćen, comme il l’avait demandé, dans une petite chapelle.
Pendant la Première Guerre mondiale, les troupes austro-hongroises capturèrent Lovćen et endommagèrent partiellement la chapelle. Les Monténégrins transportèrent de nouveau son cercueil au monastère de Cetinje dans la nuit du 12 au 13 août. Bien que les Austro-Hongrois planifiassent d’ériger un monument à la place de la chapelle pour commémorer leurs exploits militaires, cela ne se réalisa jamais, car ils perdirent la guerre deux ans plus tard.
À la fin de la Première Guerre mondiale, la chapelle fut restaurée selon le projet de l’architecte en chef Nikolaï Petrović, achevé le 10 septembre 1925, et les restes de Njegoš furent réintégrés dans la chapelle restaurée. Mais la chapelle subit de nouveaux dégâts durant la Seconde Guerre mondiale, cette fois par les troupes italiennes.
La construction du mausolée moderne
En 1951, à l’occasion du centenaire de la mort de Petar II Petrović Njegoš, les autorités de la Yougoslavie communiste décidèrent de ne pas reconstruire le site religieux mais d’ériger un mausolée. Le célèbre sculpteur croate Ivan Meštrović, bien que critiqué pour ne jamais avoir mis les pieds sur Lovćen, fut chargé de ce projet. La construction dura dix ans et fut achevée en 1974.
Le mausolée moderne comprend plusieurs bâtiments. À l’entrée du mausolée, un petit panorama vous accueille, ainsi que le début de l’ascension des 461 marches qui mènent à la crypte. Les visiteurs peuvent se ressourcer et admirer la vue avant de commencer la montée vers le sommet, un chemin en partie abrité dans un tunnel bien éclairé. À l’arrivée, vous découvrez l’entrée du mausolée, gardée par deux imposantes statues en granit.
L’intérieur est tout aussi impressionnant avec un atrium central abritant un puits de quatre tonnes, les statues de marbre des Monténégrins de chaque côté et, au centre de la crypte, une statue de 28 tonnes de Petar II Petrović Njegoš, taillée dans un unique bloc de granit noir.
Se rendre au mausolée de Njegoš
Pour atteindre le Parc national de Lovćen et le mausolée, plusieurs options sont disponibles. Si vous voyagez en voiture, une route sinueuse de 13 kilomètres vous mène de Cetinje à Lovćen. À l’entrée du parc, vous devrez payer un droit de 3 euros par personne (gratuit pour les enfants de moins de sept ans). Depuis un plateau précédent équipé d’un restaurant, d’une billetterie et d’une boutique de souvenirs, vous pourrez commencer votre ascension vers le mausolée en suivant les 461 marches.
Pour les amateurs de randonnée, diverses routes depuis Budva, Tivat, Cetinje ou Njeguši offrent des vues pittoresques et sont balisées. La montée depuis Cetinje dure environ 2 à 3 heures, tandis que celle depuis Njeguši prend entre 1 à 2 heures.
Une expérience inoubliable
Au-delà de l’impressionnante architecture et du design du mausolée, les visiteurs peuvent profiter d’une plateforme circulaire qui offre des vues panoramiques exceptionnelles sur la région.
Ces vues englobent non seulement la quasi-totalité du Monténégro mais s’étendent également jusqu’à l’Albanie, la Croatie et parfois même l’Italie par temps clair. Les panoramas témoignent de la splendeur géographique de la région et constituent une expérience mémorable pour chaque visiteur.
À l’entrée du mausolée, un photographe propose des souvenirs uniques en vous prenant en photo dans des costumes traditionnels monténégrins pour 10 euros – une belle manière de commémorer votre visite.
Importance culturelle pour le Monténégro
Le mausolée de Njegoš est bien plus qu’une prouesse architecturale; il est un hommage à une figure culturelle exceptionnelle dont les contributions à l’histoire et à la culture monténégrines résonnent encore aujourd’hui. Lovćen est un symbole de l’identité et de la fierté monténégrines, perchée de manière stratégique pour honorer Njegoš.
Le mausolée de Njegoš est une destination incontournable situé au parc national de Lovćen. Son architecture singulière, sa signification historique et ses vues en font une expérience inoubliable pour les touristes visitant le Monténégro.