Société : de l’approche Montessori et du triangle de Pikler

Bâtir une société saine, composée de membres épanouis, conscients des enjeux environnementaux, sans complexe et vivant en harmonie les uns avec les autres est un bien beau défi… que l’on ne pourra pas relever sans revoir notre vision de l’éducation. Comment viser cet idéal sans encourager l’enfant à devenir la personne qu’il veut être ? Plutôt que de nous contenter d’un enseignement vertical, classique, basé sur l’ordre et l’apprentissage passif, nous devons adopter une approche personnalisée, volontariste et respectueuse de la personne de l’enfant… et ça tombe bien : c’est ce que prônent de nombreux spécialistes en la matière, depuis Maria Montessori à Emmi Pikler.

Le socle de base, commun à toutes les pédagogies dites « alternatives »

L’approche holistique de l’apprentissage des jeunes enfants doit reposer sur des recherches approfondies et sur les travaux de théoriciens renommés et inspirés. Les éducateurs, qualifiés, doivent s’appuyer sur les connaissances et les philosophies de ces experts pour créer un environnement permettant un apprentissage et un développement en phase avec le rythme de chaque enfant.

L’apprentissage contemporain doit aider l’enfant à être fort, confiant, heureux et en bonne santé, tant dans son esprit que dans son corps. Il s’agira de lui offrir, dès son plus jeune âge, un microenvironnement calme et paisible pour qu’il prenne confiance en lui et en ses capacités physiques et mentales. Il nous appartient de créer des possibilités d’apprentissage grâce à des environnements riches qui favorisent le développement et préparent l’enfant à ses années d’école.

L’enfant doit de facto être considéré comme un individu à part entière, capable de se mouvoir en toute liberté, d’identifier puis de résoudre des problèmes en toute autonomie ou, du moins, en minimisant au maximum l’intervention de l’adulte, qu’il soit parent ou éducateur. Le parcours de l’enfant doit être unique. C’est là une idée que l’on retrouve dans la majorité des pédagogies dites « alternatives », notamment celle d’Emmi Pikler et de Maria Montessori.

Les théoriciens les plus inspirants pour une éducation basée sur l’autonomie

Les travaux et les réflexions des principaux théoriciens du développement de la petite enfance continuent encore aujourd’hui d’influencer nos pratiques d’enseignement et les environnements que nous créons pour nos enfants.

Emmi Pikler et son triangle de Pikler

Emmi Pikler, pédiatre, auteure et éducatrice hongroise nous appelle à fournir toute l’attention nécessaire pour que les enfants évoluent dans un environnement stable, calme et paisible pour leur donner le temps d’explorer, de découvrir leurs capacités et leur environnement et d’expérimenter. Les événements peuvent se dérouler dans leur temps naturel plutôt que d’être précipités ou provoqués par les adultes… une réflexion qui prend tout son sens à l’ère de la productivité.

Emmi Pikler plaide également en faveur de la liberté de mouvement : les bébés ne sont jamais mis dans une position subie, dont ils ne pourraient pas s’extraire sans l’aide d’une tierce personne. L’enfant n’est jamais « piégé ». Il s’agit de lui permettre de se déplacer librement et de l’encourager à tendre la main et à développer leurs muscles centraux. Pour ce faire, toute une panoplie de mobilier est mise à la disposition des éducateurs, avec le fameux triangle Pikler.

Reggio Emilia : l’enfant « capable »

L’approche éducative de Reggio Emilia valorise l’enfant et le considère comme un individu « fort », capable et résistant, qui cherche à s’émerveiller du monde qui l’entoure, mais aussi à acquérir des compétences pragmatiques pour composer avec son environnement. Les principes clés de cette approche pédagogique tournent autour de l’autonomie, de l’interaction avec les autres, de l’environnement « enseignant », de l’éducateur « guide » et non « donneur d’ordre », etc.

Magda Gerber, l’autre chantre du triangle de Pikler

Magda Gerber s’est inspirée de la philosophie d’Emmi Pikler et a introduit le concept de la motricité libre dès le premier âge en Europe et en Amérique du Nord dans les années 1970. Son travail est basé sur le respect et la confiance accordée aux enfants pour qu’ils soient des initiateurs, explorateurs et autodidactes. Les enfants sont considérés comme des participants actifs à leur croissance et à leur développement plutôt que comme des bénéficiaires passifs.